Écrivain

Eymeric Macouillard

Écrivain, Consultant, Conférencier

Paris / Bordeaux

Eymeric Macouillard - Les Autodidactes

Eymeric Macouillard est un écrivain autodidacte, mais pas que ! Il est également consultant et conférencier. Depuis son plus jeune âge il a toujours rejeté les cases, et a toujours su qu’il n’exercerai pas qu’un seul métier. Après un bac+5 dans la pub, il trouve finalement sa voie ailleurs. Il sort son premier livre en indépendance et ne compte pas s’arrêter là. Il nous raconte.

Salut Eymeric. Tu es artiste, activiste, consultant, un profil autodidacte à multiples casquettes. On te laisse te présenter ? Quel est ton parcours ?

Salut ! Pour ma part j’aime résumer tout cela sous le terme « art-iviste ». J’ai toujours mis mes convictions au centre de mes études et aujourd’hui j’en fais de même avec mon métier. Actuellement je prépare la sortie d’un triptyque composé d’un roman, une conférence et un film. Le thème général c’est la conscience de soi, et ça se matérialise différemment selon le support. Grosso modo je suis écrivain, consultant et conférencier. Toutes mes activités tournent autour de ma capacité à imaginer que ce soit des solutions, ou des histoires, je raconte en somme.

Quelle est, pour toi, la définition d’être autodidacte ?

Pour moi un autodidacte c’est quelqu’un qui a décidé d’être son propre outil. J’investis sur moi, j’ai appris à apprendre, mais le tout aujourd’hui, parce que demain c’est loin.

A quel niveau d’études t’es tu arrêté ? Qu’est ce qui t’a poussé à être autodidacte dans ton milieu ? C’est un vrai choix au final ?

Je suis allé jusqu’au bac+5, mais j’ai vite fait le choix de ne pas être le « captif » de mon diplôme. J’avais fait le choix de m’auto financer une école, mais pour autant je ne voulais pas que ça dicte ma vie. Si demain je voulais soudainement faire du banjo, vamos je ferai du banjo. Dans mon cas il s’avère que j’avais un petit quelque chose pour l’écriture. Alors j’ai décidé de sortir mon premier livre en indépendant. Puis j’avais fait un mémoire « anti publicitaire » au sein d’une école de publicité. Je dis « anti » dans le sens où je mettais la pub face à ses responsabilités quant à certains impacts néfastes se propageant dans la société. Mon discours n’existait pas trop. Alors j’ai décidé de créer ma conférence sur la conscience de soi. Elle se vise à prôner la déconstruction face à des sujets tel que le patriarcat, la misogynie et le racisme. Les gens s’imaginent souvent que ça veut dire que je veux faire que des publicités militantes ou transformer tous mes clients en activiste, alors que pas du tout ! Je veux juste que la liberté d’autrui ne soit pas le carcan d’un autre.

Comment as tu fait (ou fais tu) pour apprendre seul ?

Je lis, constamment. Parce que se déconstruire ce n’est jamais fini. Puis j’échange surtout, comme disait Malcolm X l’école commence à 16h, j’ai très vite gardé ça en tête. Du moins pour l’aspect théorique. Après j’ai d’autres projets comme mon podcast, ou encore mon documentaire sur le rapport à leurs cheveux des Femmes Métisses et Noires en France. Ce sont des projets qui m’amènent à me former à l’image, au son, au montage etc. Pour ça je demande conseil, je regarde des vidéos, je lis, je fais avec les moyens du bord. Mais je n’aspire pas à tout savoir, dès lors que ça dépasse mes compétences, je fais le choix de déléguer, la qualité prime avant tout.

Quels sont les aspects positifs et négatifs que tu as ou que tu rencontres quotidiennement dans ton parcours, en tant qu’autodidacte ?

Je pense qu’il y a deux poids principaux qui me viennent tout de suite en tête. D’abord le poids psychologique. Cela va peut-être paraître désuet, mais parfois je suis fatigué. Parce que je fais tout tout seul, je préfèrerais parfois me retrouver, ne serait-ce que dans une synergie de groupe, un bateau qui veut avancer ensemble. Moi je dors peu, je suis insomniaque. Alors les heures de sommeil qui manquent, la charge de travail ça ne me gène pas trop, je l’ai choisi, j’assume. Ce qui me pose plus problème, c’est tout ce qui se cache derrière le fait d’être seul et de DEVOIR être autodidacte. Parce que souvent, je parle de moi, et de l’environnement que je connais, ce n’est pas un choix, mais la seule solution qu’il reste. J’ai tendance à tout penser, mais le côté arrachement à la culture qui frappe certaines classes, et donc pas forcément les mêmes aspirations artistiques etc, fait que tu peux vite te retrouver isoler quand tu veux faire un projet. Et je n’en veux pas aux gens qui m’entourent. Si on ne t’a jamais dit que la littérature c’est pour toi, qu’on t’a toujours fait croire qu’il n’y avait que le rap, bah autant tu vas trouver des potes rappeurs facilement, autant des potes écrivains c’est autre chose. Mais ça se sont des responsabilités qui viennent d’en haut, des problèmes plus profonds. Mais c’est une face cachée de l’autodidacte importante à souligner selon moi. Ce qui m’amène au deuxième point : le manque de moyen et donc cela prend plus de temps. J’auto finance tout moi-même, du coup ça prend du temps, même quand je veux déléguer ça a un coût. Alors on a pour ambition de faire aussi bien, mais on n’a pas les mêmes ressources derrière, alors ça prend plus de temps et c’est parfois frustrant car on a l’impression de louper des trains, ou d’autres nous doublent...

Est-ce qu'il y a des choses que tu n’aurai pas pu faire sans ton diplôme ?

Ça aurait été encore plus dur niveau légitimité. Déjà qu’en France sur des sujets comme le patriarcat, la misogynie, le racisme, les gens ont du mal à concevoir qu’il y a des experts et des approches scientifiques. Qu’il ne s’agit plus d’avoir un avis sur la question, mais de déconstruire. Alors sans diplôme, faire entendre ça, aurait été encore plus dur… C’est une clé pour ouvrir des portes, mais c’est parfois une clé injuste. Mais sinon je n’idolâtre pas le diplôme, j’aurais accompli sans, je serai passé par ailleurs c’est tout.

Peut-on, au final, avoir fait une école, mais quand même se sentir autodidacte en apprenant et en pratiquant sur le terrain en dehors de l’enseignement classique ?

Bah clairement, j’en suis la preuve. Tu sais j’ai vu une interview d’un mec sur Konbini qui a quitté son boulot de cadre pour s’auto suffire et devenir agriculteur, et construire sa propre maison, c’est un autodidacte lui aussi. C’est juste une question de choix, de poser son prisme. Moi j’ai toujours rejeté le principe de case. Je n’ai jamais voulu faire qu’un seul métier, mais j’avais conscience que je ne passerai pas un diplôme par métier que je veux exercer. Moi aujourd’hui personne ne m’a attribué un diplôme d’écrivain et pourtant je te jure sur tout ce que j’ai que c’est ce que je fais de mieux, je suis écrivain, mais le CV dit que je suis consultant en stratégie des marques.

Enfant ou adolescent, étais tu déjà attiré par le métier que tu exerces maintenant ?

J’ai toujours su que je ferai un truc différent, j’en avais la conviction, je le sentais. J’ai toujours été un petit révolté aussi, et je voulais aider. Je n’ai jamais imaginé écrire, c’est venu tard, notamment à cause de l’arrachement à la culture que je te parlais tout à l’heure. J’avais ce mot « marketing » en tête à partir de la fin du collège du début du lycée, mais je l’avais en tête car c’était le mot à la mode j’ignorais ce qu’il représentait. Mais que je ferai exactement ça non. Même aujourd’hui je sais pas si je me définirai, ça changera sûrement encore. J’ai juste toujours su que je me débrouillerai, et aujourd’hui je sais juste que quel que soit la suite j’écrierai. Peu importe quoi, j’écrierai.

Penses-tu que ce que tu as vécu dans ton enfance-adolescence t’a aidé à avoir ensuite un parcours atypique, ou pas du tout ?

Il y a une citation africaine qui dit « on est plus le produit de notre environnement que de nos propres parents ». Je suis d’accord, et c’est mon cas, même si je remercie beaucoup mes parents, et ma maman pour son impact. Je t’ai cité Malcolm X aussi tout à l’heure. C’est un ensemble, je répète toujours que la vie est une question de prisme. On est fait de tellement de choses, on a tellement de facette, donc oui je suis le résultat de tout cela : des voyages, des rencontres, de ce que j’ai vu, vécu, entendu, tout. C’est pour ça que je ne me vante pas d’être autodidacte, je serais né dans une famille aisé avec Le Petit Prince sur la table du salon j’aurais sûrement jamais fait tout ça, et j’aurais fait un truc bien aussi.

A l’école, est-ce que tu t’es senti bien conseillé en terme d’orientation d’études ?

Non l’école veut juste te mettre dans une de leur case et ensuite ils se déresponsabilisent. Puis notre système éducatif est gangréné par cette misogynie, ce patriarcat, ce racisme, cette discrimination sociale que j’ai pu évoquer. Donc ça joue. Mine de rien, je suis loin d’être candide et utopiste mais pour autant je prône le fait que l’école devrait être plus à l’écoute du cœur de chacun, et de leurs envies profondes. Mais en terme d’orientation, l’école agit juste comme une grande entreprise, alors que l’école républicaine est sensée avoir d’autres valeurs plus nobles.

Pour toi, comment sont vus les autodidactes en France ?

Je vais parler uniquement de ce que je connais : c’est très très compliqué parfois. On peut être vu comme des branleurs, juste parce que nous, on sait ce que l’on vise, mais les gens, eux, ne le voient pas. On peut être vu comme des rêveurs, des utopistes, des flemmards qui ne voudraient exister que hors des sentiers. Du moins moi j’ai toujours eu des regards comme ça. Maintenant ma vision personnelle, elle est tout autre. Je respecte énormément. Aujourd’hui j’engagerai plus un mec autodidacte s’il est bon dans ce qu’il fait que forcément un mec qui a le diplôme. L’autodidacte lui il a le diplôme des tripes, celui de l’effort perpétré qu’une personne lambda n’a pas forcément.

Un mot de la fin ?

Je suis dans une phase hyper importante où je structure encore plus mon éco système, l’argent reste le nerf de la guerre. J’aimerais inviter les gens à me contacter s’ils croient au fait que réussir c’est ne pas empêcher l’autre de réussir. Que ce soit une entreprise, une école, un auto-entrepreneur, ou un particulier, on doit tous avoir pour ambition de se déconstruire, d’avoir conscience de soi. Cela permettra une chose : être sain, et être sain c’est être efficace et donc plus rentable. Que ce soit dans notre course aux objectifs personnels, dans une équipe, ou dans un business. Puis pour les amateurs d’art, je vous inviter à checker ce que je fais, et si une maison d’édition passe ici je suis preneur. Dernier mot, citation de Christiane Taubira : « Pour les âmes vaillantes, l’utopie n’a que quelques années d’avance. »